Dans le cadre de l’instruction ouverte par le Parquet fédéral belge à propos de Fehriye Erdal pour son implication présumée dans l’attentat Sabanci, une délégation de 5 enquêteurs sont arrivées en Turquie afin de prendre la déposition de l’un des dirigeants suprêmes du DHKP-C en tant que témoin.
La commission rogatoire du Parquet fédéral belge composée de 5 personnes qui enquête sur l’attentat Sabanci a sollicité l’audition de certaines personnes qui avaient été mises en garde à vue en relation avec l’attentat puis relaxées ainsi que celles de certains employés du Sabanci Center. Parmi les personnes auditionnées, Ercan Kartal, l’un des présumés dirigeants suprêmes du DHKP-C. Pour recueillir sa déposition, Ercan Kartal qui est détenu à la prison de type F d’Edirne a été transporté jusqu’au tribunal d’Istanbul situé à Besiktas. C’est en présence du procureur de la république d’Istanbul Bilal Bayraktar que son témoignage a été recueilli. L’avocat de Kartal, Me Taylan Tanay qui était également présent durant l’audition, a fait savoir que son client Ercan Kartal avait été prévenu la nuit même et qu’au total, 21 personnes avaient été auditionnées par les enquêteurs.
Le dirigeant du DHKP-C n’a pas répondu aux questions
Soulignant que la commission rogatoire était composée de procureurs, de juges et du directeur de la sûreté belges, Me Tanay a également précisé que : «Dans le cadre de l’enquête en cours en Belgique, des employés du Holding Sabanci et des personnes mises précédemment en examen dans le cadre de l’affaire ont également été auditionnés. Les enquêteurs ont posé 30 questions à Ercan Kartal. Avant d’être soumis à l’interrogatoire, Ercan Kartal a fait savoir qu’il avait des choses à dire et qu’il ne répondrait à aucune question. Il exposa ensuite ses griefs en s’abstenant de répondre aux questions. D’abord Ercan Kartal a affirmé qu’en tant que représentants d’un Etat impérialiste, ses verbalisants belges n’avaient aucun droit d’ingérence dans la justice en Turquie, qu’ils n’avaient donc aucun pouvoir de rendre justice, que l’attentat contre Sabanci avait été revendiqué par le DHKP-C, que l’organisation a décrit l’attentat jusque dans ses moindres détails, qu’il n’y avait rien de secret à ce sujet. Kartal a par ailleurs expliqué à la commission que le DHKP-C n’est pas une organisation terroriste mais un mouvement populaire et que les accusations en rapport avec l’attentat qui lui sont portées ne s’appuient sur aucune preuve et n’ont aucune base juridique. Ercan Kartal a rappelé qu’il est injustement détenu depuis 15 ans».
L’avocat affirme avoir dit à la délégation qu’aucune décision juridique définitive n’avait été prononcée à l’égard de son client, qu’il était toujours innocent d’un point de vue juridique et que la Cour de cassation avait même annulé à trois reprises les condamnations qu’elle jugeait «contraires au droit».
Réagissant au fait qu’il n’a pas reçu de copie du procès-verbal en raison du secret entourant l’instruction belge, l’avocat Taylan Tanay a dit: « Nous avons demandé une copie du PV. Cela nous a été refusé sous prétexte que l’instruction est frappée du secret. Nous avons eu une prise de bec avec le procureur à ce sujet. Comme on ne nous a pas remis de PV, nous, les trois avocats présents, avons refusé de le signer. Un tel outrage est inacceptable. » Ercan Kartal avait été condamné à la peine à perpétuité aggravée dans le cadre de «l’attentat Sabanci».
Il est jugé par la 14e Cour d’assises, soupçonné d’avoir donné la directive de «l’attentat contre Sabanci» et de «l’attentat contre le général Kenan Evren» (chef de la junte militaire qui prit le pouvoir le 12 septembre 1980, NDT).
21 avril 2009
Sources : Hürriyet, Internet Ajans, Dünya Gazetes
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