Cent vingt personnes ont été arrêtées le 29 avril 2008 au cours d'un rassemblement pacifique et autorisé, dont nonante sans-papiers. Douze d'entre eux sont toujours incarcérés aux centres fermés de Merksplas et Vottem et menacés d’expulsion du territoire Belge.
Ces arrestations et détentions constituent une atteinte grave aux libertés fondamentales. Il est totalement inacceptable que des personnes, avec ou sans papiers, soient détenues après avoir exprimé leurs opinions pacifiquement dans le cadre d’un rassemblement autorisé.
Alors que, depuis de nombreuses années, le mouvement des personnes sans papiers a toujours démontré une citoyenneté active et courageuse dans le respect des lois et des institutions de ce pays et rejoint par une large frange de la société civile, nous craignons que la violence des événements du 29 avril témoigne d’un durcissement, d’une certaine inflexibilité politique incompatible avec la bonne marche d’un État de droit.
Des milliers de personnes attendent que les engagements en matière de régularisation pris par le nouveau gouvernement soient mis en place. C’est pour cette raison qu’elles manifestaient ce mardi 29 avril devant l’Office des étrangers afin de répéter leur demande de rencontre à la ministre A.Turtelboom et ce dans le but de lui faire part de leurs inquiétudes et recommandations au regard de la note de politique d’Immigration et d’Asile déposée à la chambre une semaine plus tôt.
Suite à ce durcissement et ce refus de dialogue, comment s’étonner que des personnes en arrivent à mettre leurs vies en danger afin de se faire entendre ?
Pour rappel, il est envisagé, dans l'accord gouvernemental, de régulariser les personnes sans-papiers sur base de leurs longues procédures, sur base d'une promesse d’embauche ou encore en fonction de leur ancrage local en Belgique. Les personnes sans-papiers attendent avec impatience et espoir de sortir de la clandestinité. Malgré cela, des personnes continuent à être détenues en centres fermés et expulsées quotidiennement.
Dans ce contexte de flou et d'inquiétude, il nous semble légitime que les personnes sans-papiers se mobilisent et s'expriment pacifiquement à travers des manifestations pour réclamer, à tout le moins, un moratoire sur les expulsions et une application rapide des critères de régularisation.
La décision de maintenir ces 12 manifestants en centres fermés et de les expulser nous apparaît arbitraire étant donné que tous ont soit un dossier déposé à l’Office des étrangers, soit un dossier en cours chez leur avocat (9 bis, Asile, recours conseil du contentieux,…). Sur quelle base a-t-il été décidé de placer en centre fermé certains étrangers et de libérer les autres? Y a-t-il eu des critères objectifs ou ces choix étaient-ils conditionnés par le nombre de places en centre fermé? Si un examen de la situation de chacun a eu lieu, notamment au regard des futurs critères de régularisation, celui-ci n'a pu être qu'expéditif. Comment estimer l'ancrage local d'une personne, pendant la nuit, au milieu des cellules du palais de justice où les manifestants étaient détenus et décider ou non de son expulsion?
La liberté d’expression dévolue à toute personne, avec ou sans papiers, sera en train d’être bafouée tant que ces manifestants ne seront libérés.
Nous demandons :
- que les personnes arrêtées soient immédiatement libérées des centres fermés;
- que le droit à manifester des sans-papiers soit rétabli et respecté;
- qu'un moratoire sur les expulsions soit instauré dans les plus brefs délais, en attendant que des critères de régularisation soient mis en place.
Signataires :
La Ligue des Droits de l’Homme, L’Union de défense des sans papiers (Udep), Le Comité pour la Liberté d’Expression et d’Association (Clea) |