Appel du Clea: Solidarisez avec Deniz, l'épouse de Bahar Kimyongür
Faut-il abjurer ses convictions pour devenir Belge?
L’épouse de Bahar Kimyongür, Deniz Demirkapi, fait elle aussi, les frais de ses opinions et de l’engagement politique de son mari. Les autorités judiciaires de notre pays tentent par tous les moyens de l’empêcher de devenir Belge et ce, alors qu’elle vit en Belgique depuis 10 ans (et en Europe depuis 20 ans : ses parents avaient obtenu le statut de réfugiés politiques en France), qu’elle est mariée à un Belge, que son enfant de quatre mois est Belge aussi, et qu’elle enseigne le français dans une association bruxelloise.
En avril 2007, le Procureur du Roi fit opposition à sa demande de naturalisation suite à quoi elle a introduit un recours devant le tribunal de première instance de Bruxelles.
Le 19 novembre 2007, la 12e Chambre a refusé de statuer en attendant la suite de la procédure relative à son époux. Or, pour refuser une nationalité, seuls des faits personnels graves peuvent être invoqués. Pour justifier son refus de statuer, la juge s’est en fait appuyée sur une jurisprudence de 2002 qui lui permet de tenir compte de relations entretenues avec des personnes de «moralité douteuse». En l’espèce, c’est son mari qui est ainsi calomnié par la juge. [ Lire le jugement] |
L'audience
pour l’acquisition de la nationalité de Mme Deniz
Demirkapi a finalement eu lieu le mercredi 22 octobre 2008, à 14
heures, au Palais de Justice de Bruxelles, 12e Chambre du Tribunal de
première instance. Plusieurs dizaines de proches et d'amis s'y
étaient déplacés pour exprimer leur
solidarité à Deniz.
Dans ce procès marqué depuis le
début par le signe de
l'inéquitable, c'est seulement à la veille de
l'audience que l'avocate de
l'intéressée, Madame Selma Benkhalifa, a pu consulter le dossier
: la procureur du Roi,
Catheline Hamesse, était occupée dessus...
depuis avril. L’attitude
étonnante du Parquet n’est pas sans
inquiéter et suscite des questions. Pourquoi la Sûreté voulait-t-elle cacher à la
défense l'acharnement qu'elle a mis dans ce dossier? Ou reproche-t-on à Deniz
d’être la femme de Bahar Kimyongür
tout simplement? Une
chose est évidente après
consultation du dossier : la vacuité
de celui-ci a fait qu'il ne justifiait pas un nouveau report. C'est
pourquoi, lorsque, ce
mercredi, la présidente de l'a Cour a voulu reporter une fois de plus
le jugement de cette affaire, arguant qu'elle n'avait pas encore
examiné le dossier (sic!),
l'avocate a refusé fermement cette proposition qui trahit de toute
évidence la volonté d'en savoir plus sur l'issue du
procès de Bahar Kimongür avant de donner un avis sur son
épouse, comme Madame la Présidente l'a par ailleurs dit explicitement
lors de l'audience. Me Benkhalifa a répliqué clairement qu'il n'était
pas acceptable que l'on subornonne l'avis à donner sur Mme Demirkapi à
l'issue du procès de son mari. La juge a donc finalement accepté,
contre son gré, de juger l'affaire, mais sans toutefois préciser de
date. Quoi qu'il en soit, il est a craindre que le procureur ne fasse
pression pour gagner du temps... afin d'en savoir plus sur l'affaire
concernant Bahar Kimyongür.
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L'appel du Clea à soutenir Deniz lors de l'audience du 22 octobre
Toujours
dans la série «Tracasseries
- administratives - et -
répression - judiciaire - pour - des - motifs -
politiques», le Tribunal de première
instance de Bruxelles
statuera prochainement sur la demande d’acquisition de
la
nationalité belge introduite par Deniz Demirkapi en
application
de l’article 16 du Code de la nationalité belge.
D’origine
turque et âgée de 28 ans, Deniz Demirkapi
est l’épouse de Bahar Kimyongür,
l’un des
inculpés du procès DHKP-C acquitté le
7
février de cette année par la Cour
d’appel
d’Anvers, aquittement, hélas!, cassé
à
Bruxelles, à des fins de jurisprudence, le 24 juin. Le
procès devant donc se reouvrir incessamment.
Le
24 avril 2007, soit cinq jours après un arrêt
précédant de la Cour de cassation dans
l’affaire
DHKP-C et qui fut
favorable aux inculpés, le Procureur du Roi de Bruxelles
s’était opposé à
l’acquisition par
Deniz Demirkapi de la nationalité pour les motifs suivants:
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Deniz Demirkapi et son fils, de 2 mois et demi,
Nidal Kimyongür, quelques minutes avant le début de l'audience. Nous ne
disposons pas de photos de l'intérieur de la salle, la présidente
nous ayant interdit d'en prendre. |
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«Attendu que la
Sûreté de l’Etat a fourni des
renseignements négatifs
relatifs au requérant : Cette personne est une militante du
DHKP/C,
ainsi que pour son engagement au sein du Bureau d’information
du DHKC
de Bruxelles (la vitrine médiatique
tolérée du DHKP/C dans la capitale).
«Selon
les renseignements fournis par la Sûreté de
l’Etat,
le DHKP/C est un mouvement terroriste marxiste-léniniste
luttant
pour l’instauration d’un ordre social communiste en
Turquie. Ses objectifs sont de mettre fin, en fomentant une
révolution populaire armée, à
l’hégémonie politique,
économique, militaire
et culturelle de l’impérialisme en Turquie, de
détruire la "suprématie impérialiste"
américaine dans le monde et de faire cesser la
répression
contre les Kurdes.»
Le
CLEA estime que par cet avis négatif, le Procureur du Roi
de Bruxelles bafoue la liberté
d’expression de Mme Demirkapi et n’a pas
à se
prononcer sur ses convictions intimes d’autant
qu’elle
n’a jamais fait l’objet de poursuites judiciaires,
que
ledit bureau d’information du DHKC est fermé
depuis le 30
octobre 2006 et que selon la justice belge qui s’est
refusée à se prononcer sur la situation en
Turquie,
l’activité du DHKP-C en Belgique n'est pas de
nature
terroriste.
Le
cas de Mme Demirkapi rappelle le triste cas de M. Yasar Demirel, un
citoyen turc âgé de 67 ans et vivant en Belgique
depuis
1977 qui s’est lui aussi vu refuser la nationalité
belge pour n’avoir «aucunement
renié ses convictions
militantes» (page 2 du jugement du 3 octobre 2007, R.R.
05/9328/B). A nouveau, le Tribunal se basait sur un rapport
établi par le Ministère public.
A l’instar de Mme Demirkapi, M. Demirel se voit
privé de
la nationalité belge alors qu’il n’a
jamais enfreint
la loi, ce que la 12e chambre du tribunal de première
instance
de Bruxelles reconnaît formellement : «le
fait que le
déclarant ne fait pas l’objet de poursuites dans la procédure en cause de Fehriye Erdal et consorts
n'exclut
nullement qu’il soit à tout le moins un
sympathisant
actif, voire un relais d’un groupe repris sur la liste
européenne des mouvements considérés
comme
terroristes. Il s’agit là d’un
comportement qui
n’est pas compatible avec les devoirs liés
à
l’acquisition de la nationalité belge» (page 3).
A
propos de cet extrait, deux constats s’imposent :
d’abord,
la présence du DHKP-C dans la «liste
européenne
des mouvements décrétés
terroristes» comme
preuve de la dangerosité de Mme Demirkapi et de M. Demirel
est
un argument superflu dans la mesure où la
légalité
de cette liste établie unilatéralement par des
fonctionnaires (et non à la suite d'une procédure
contradictoire) est remise en question par un nombre
croissant
d’élus européens. [Voir
aussi, par exemple, la Résolution 1597 de l'Assemblée
parlementaire du Conseil de l’Europe]
Ensuite
si ces deux citoyens turcs avaient réellement
été
considérés comme des membres ou des sympathisants
actifs
de ce mouvement, pourquoi n’ont-il pas
été
inculpés aux côtés des 11 autres
prévenus de
ce procès ?
Notons
aussi que le comportement incompatible dont il est question ici est un
motif manifestement politique qui n’est pas sans rappeler
ceux
qui étaient en vigueur durant la guerre froide.
Étant
recherchés dans leur pays d’origine et ne
bénéficiant de la protection d’aucun
État
tiers, ces deux citoyens turcs courent un réel danger. Ils
peuvent en effet à tout moment être soumis
à une
procédure d’extradition vers la Turquie par la
simple
émission d’un mandat d’arrêt
Interpol. Il ne
leur resterait dès lors qu'une seule issue pour en
échapper: introduire une demande d’asile en
Belgique.
Est-ce vraiment raisonnable d’en arriver là alors
que
Deniz Demirkapi vit en Belgique depuis près d’une
décennie, est mariée (depuis cinq ans)
à un Belge
et encadre depuis plusieurs mois des enfants
d’immigrés et
de réfugiés au sein d’une association
bruxelloise
en tant que formatrice? Est-ce vraiment raisonnable
d’en
arriver là alors que Yasar Demirel a passé 31 ans
de sa
vie dans notre pays où il a travaillé de longues
années, d’abord à Libramont en tant que
terrassier
pour l’installation de câbles
électriques puis
à Liège comme maçon? Quoi
qu’il en soit, il
n’est vraiment pas exagéré de dire que
cette jeune
femme, maman depuis le 10 août d'un petit Belge, et ce vieil
homme souffrant de maladies
chroniques risqueraient leur vie dans
l’éventualité
d’une extradition vers la Turquie où la torture
est
monnaie courante surtout lorsque les victimes sont des opposants au
régime, ce qui est le cas de Mme Demirkapi et de M.Demirel.
Appel à soutien
Une fois de plus, c'est pour parer au pire et faire
prévaloir
les principes de liberté d’expression et
d’opinion que le CLEA sollicite votre
présence le
mercredi 22 octobre prochain à 14 heures à
l’audience
de la 12e chambre du Tribunal de première
instance de Bruxelles qui décidera du sort de Deniz
Demirkapi.
Rassemblement dès 13h45 sur les
marches du Palais de Justice.
L’audience
prévue initialement pour le
mercredi 16 avril avait été annulée
pour des raisons obscures
L’audience
pour l’acquisition de la nationalité de Mme Deniz
Demirkapi initialement prévue le mercredi 16 avril à la 12e
chambre du Tribunal de première instance de Bruxelles, avait
été annulée. Pour une raison obscure, le Parquet
avait demandé une remise.
Depuis
le début de la semaine, Maître Selma Benkhelifa,
avocate
de Deniz, avait tenté en vain d’avoir
accès au dossier.
Pourtant, Deniz Demirkapi n’a rien à se reprocher.
Elle a
un casier judiciaire vierge. Que contient le dossier? La
Sûreté a-t-elle des choses à cacher à la
défense? Ou reproche-t-on à Deniz d’être la
femme de Bahar Kimyongür tout simplement? |
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Actualité de
Huxley
«(...) au moyen de méthodes toujours plus efficaces de manipulation
mentale, les démocraties changeront de nature. Les vieilles formes pittoresques
– élections,
parlements, hautes cours de justice–
demeureront mais la substance sous-jacente
sera une nouvelle forme de totalitarisme
non violent. Toutes les appellations
traditionnelles, tous les slogans
consacrés resteront exactement
ce qu'ils étaient aux bon
vieux temps. La démocratie
et la liberté seront les thèmes
de toutes les émissions (...)
et de tous les éditoriaux
mais (...) l'oligarchie au pouvoir
et son élite hautement qualifiée
de soldats, de policiers, de fabricants
de pensée, de manipulateurs
mentaux mènera tout et tout
le monde comme bon lui semblera.»
Aldous Huxley, Retour au meilleur des mondes |
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