Le CLEA a pris connaissance des déclarations du Ministre de l'Intérieur concernant la «lutte antiterroriste». Ces déclarations interviennent dans le contexte d'une alerte antiterroriste assumée par le gouvernement provisoire et par l'ensemble des services de police, sans qu'il y ait aucune personne inculpée. A la réelle crise politique l'exécutif tente de substituer une crise virtuelle.
Dans cette déclaration, M. Dewael cite deux fois le DHKP-C, organisation, dit-il, «condamnée comme organisation terroriste par un jugement de la Cour d'Appel de Gand», omettant de dire que le jugement de cette Cour a été cassé.
Emettant le désir de voir adopter une législation nouvelle permettant d'interdire certaines organisations, le Ministre cite également le groupe fasciste «Blood and Honor» dont des membres sont poursuivis pour trafic, massif, d'armes de guerre.
Qu'y a-t-il de commun entre cette organisation, infiltrée dans l'Armée, et dont les activités visent clairement à la déstabilisation en Belgique, mais «sous contrôle» selon les dires du gouvernement sortant, et le DHKP-C dont les activités politiques en Belgique sont strictement légales et dont les activités en Turquie n'ont pas à être jugées par notre pays? Comment qualifier, pénalement, «Blood and Honour» dont on ignore la nature de l'inculpation? Les techniques spéciales d'investigation, dont, dans ce cas, celle de l'infiltration salariée, lui assureraient-elles l'indulgence de la Justice et un statut particulier?
Le Ministre réclame, sans que cela ne figure dans le programme du gouvernement provisoire, de nouvelles mesures législatives «antiterroristes» et des moyens accrus pour une «politique proactive» dans ce domaine. Les mesures législatives et les moyens existent déjà et agissent hors de tout contrôle, comme le confirment les mesures d'alerte organisées depuis quinze jours. Cette «stratégie de la tension» masque mal le discrédit qui frappe les partis politques et des mesures économiques qui pénalisent la population.
Le CLEA appelle tous les démocrates à faire obstacle à des mesures et à une législation nouvelle qui n'ont d'autre but que d'aligner la Belgique sur les États-Unis et la Grande-Bretagne, notamment, pays qui mettent en œuvre des lois liberticides et mettent fin à la liberté d'expression et d'association.
Le CLEA appelle tous les démocrates et les organisations attachées à la défense des droits de l'Homme et des libertés publiques à manifester à l'occasion du verdict de la Cour d'Appel d'Anvers concernant le DHKP-C, le jeudi 7 février, à 8h30.
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