«Notre Henri est mort debout»
Bruxelles, 22 juillet 2013
Henri Alleg, notre Henri, s'est éteint à jamais.
Homme libre, militant communiste, chantre de la fraternité, journaliste intègre, héros ordinaire de cette Algérie et de cette France qui fredonnent en nous, Henri est toujours resté fidèle à ses principes et ses idéaux durant ses près de 70 années d'engagement politique, malgré la prison, la torture, la trahison et les défaites (...) [Lire la suite]
«La démocratie turque à l’œuvre :
Deux paraplégiques torturés par la police»
Bruxelles, 10 mai 2011
(...) Ferhat n'est toujours pas au bout de ses peines. La nuit dernière, la police antiterroriste a mené une vaste opération dans plusieurs quartiers d'Istanbul. Officiellement, le but de cette opération était de neutraliser des militants de l'organisation marxiste clandestine DHKP-C (Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple). La réalité est que les 46 personnes arrêtées sont toutes actives dans des associations de quartier et des centres culturels. Parmi celles-ci, il y avait Ferhat (...) [Lire la suite]
«Apocalypse dans les prisons turques : c’était écrit»
Bruxelles, 11 avril 2011
Été 2000, la Turquie se dote d’un nouveau système pénitentiaire : 11 prisons «de type F» dont le régime spécial d’isolement carcéral devait servir à briser définitivement la combativité de prisonniers politiques qui, au bout de décennies de résistances et de sacrifices, avaient réussi à développer un espace de vie communautaire dans de grandes chambrées (...) [Lire la suite]
«Rouges et Verts européens sur la Libye : Vert militaire mais pas rouges de honte»
Bruxelles, 21 mars 2011
Quelques rodomontades d'un colonel déboussolé, une pincée d'images poignantes de ses victimes gisant au sol ou contraintes à l’exil, des manifestants surarmés appelant au secours (on est curieusement loin du pacifisme des manifestants tunisiens, yéménites ou égyptiens) et nous voilà embarqués dans une nouvelle odyssée coloniale (...) [Lire la suite]
«En direct du couloir de la mort civile…»
Bruxelles, 13 décembre 2009
Ce 16 décembre, jour du verdict dans le 4e procès belge du DHKP-C, les forces démocratiques de notre pays connaîtront une nouvelle mise à l’épreuve. Au cours de cette audience doublement décisive, nous saurons en effet si, d’une part, la nature et le contexte de l’expression d’une opinion peuvent déterminer et justifier l’interdiction de celle-ci et, d’autre part, si l’expression d’une opinion politique peut conduire ou non à la condamnation de son auteur pour terrorisme. Dans le cas présent, l’accusation portée par le procureur fédéral concerne l’expression d’idées (...) [Lire la suite]
«Oui Monsieur l'Ambassadeur, j'étais armé…»
11 octobre 2009
Marxistes, sociaux-démocrates, libéraux, kémalistes, religieux, laïques, humanistes et riendutoutistes, ils sont des milliers à manifester tous les jours aux quatre coins de la Turquie pour elle. Elle, c'est Güler Zere, une résistante de la minorité kurde appelée zaza, d'origine alévie, une confrérie religieuse humaniste et progressiste issue du chiisme anatolien (...) [Lire la suite]
Meryem Özsögüt, invitée d’honneur au 8ème
Congrès de la FSESP à Bruxelles
12 juin 2009
Active depuis 19 ans dans le milieu hospitalier, Meryem Özsögüt est une figure de proue du syndicalisme en Turquie. Meryem est en effet membre du Comité exécutif du Syndicat des employés de la Santé et des services sociaux de Turquie (SES) affilié à la Confédération des Syndicats des Travailleurs des Services Publics (KESK). En janvier 2008, elle fut arrêtée pour avoir participé à une conférence de presse dénonçant l’assassinat de Kevser Mirzak, une militante du mouvement révolutionaire DHKP-C issue, elle aussi, du monde médical (...) [Lire la suite]
Mort en exil de Dursun Karatas
Article
publié dans la rubrique «Chronique des
libertés» du Drapeau Rouge n°24 Octobre 2008, p.7.
Le
11 août dernier, Dursun Karatas,
secrétaire-général du DHKP-C est
décédé d’un cancer aux Pays-Bas à
l’âge de 55 ans, après 38 ans de résistance
dont 9 années passées en prison et 19 en
clandestinité. Quatre jours plus tard, quelque 15.000
manifestants ont bravé les menaces de violence policière
et de poursuites judiciaires en participant à ses
funérailles dans le quartier de Gazi, l’un des bastions du
mouvement révolutionnaire. Dursun Karatas figurait parmi les 11
inculpés du DHKP-C en Belgique sans que sa présence en
Belgique n’ait jamais été attestée. Il
était l’un des rares survivants insoumis d’une
génération vaincue ou sacrifiée par la junte
fasciste du général Evren. [Lire
la suite]
Martial et Kemal, deux révoltes pour un même désespoir
Article publié dans la rubrique «Chronique des libertés» du Drapeau Rouge n°23
Le 1er
mai dernier, Ebenizert Folefack Sontsta dit «Martial», un
jeune Camerounais en séjour illégal en Belgique, est
retrouvé mort dans sa cellule du centre de rétention de
Merksplas. Une fin tragique à faire pleurer de rage, pour une
vie qui l’a été tout autant.
Né en 1960 à Samsun (Nord de la Turquie), Cemal Kemal
Altun fut un militant politique actif au sein de Devrimci Sol
(Gauche révolutionnaire, un mouvement dont est issu
l’actuel DHKP-C), il s’engagea comme des milliers de
jeunes, dans la résistance contre la terreur fasciste qui
ensanglantait les rues durant les années ’70.
C’était une époque où les Loups Gris
entraînés par la CIA, assassinaient en moyenne près
d’une quinzaine de personnes par jour parmi les gens de gauche,
les minorités ethniques et religieuses. [Lire
la suite]
[14/05/2008] Anvers n'est pas Ankara
Bruxelles,
14 mai 2008
Le
7 février dernier, les juges de la Cour d’appel
d’Anvers ont rendu un jugement proprement magistral en offrant
à mes camarades et à moi-même un ticket retour vers
la liberté. Contre
toute attente, ils ont écarté d’un revers de la
main les élucubrations du procureur fédéral sur la
«dangerosité» et le «caractère
criminel» des militants inculpés. Ils ont en outre
pulvérisé les sinistres projets du procureur qui
consistaient à établir des tribunaux d’exception en
Belgique, à criminaliser la résistance à
l’oppression des Etats et à condamner des idées, en
l’occurrence, marxistes. Leur courage et leur
intégrité méritent sans aucun doute le respect et
les compliments de tous les démocrates de ce pays et
d’ailleurs. [Lire
la suite]
Le spectre du maccarthysme hante les tribunaux belges
Article publié dans la rubrique «Chronique des libertés» du Drapeau Rouge n°21
Pour cette première apparition, chers lecteurs, je me suis senti
forcé de traiter du sujet central qui m’a conduit à
vous : le procès du mouvement marxiste turc, le DHKP-C
(Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple).
Nombreux sont les juristes, sociologues, journalistes et autres
activistes éminents de « notre » royaume qui
ont mis en évidence l’enjeu politique de ce procès
et le danger qu’il fait encourir à la liberté
d’expression et d’association.
Cependant, l’arrêt de la Cour d’appel de Gand
prononcé il y a un an et qu’aucune juridiction belge
n’a encore remis en question (l’arrêt en cassation
qui nous a permis de recouvrer la liberté concerne un vice de
forme relatif au tribunal de première instance)
mériterait une plus vive attention de la part de militants de
gauche. Car outre la condamnation d’actes relevant du droit
commun, les magistrats se sont évertués non pas à
incriminer une opinion au hasard mais précisément
l’idéal communiste des inculpés. Ils n’ont
pas innocenté un Etat comme un autre mais bien celui d’un
régime bâti sur un anticommunisme des plus acerbes et des
plus violents. A travers l’affaire DHKP-C, les juges gantois ont
fait le procès du communisme et l’ont condamné en
arguant que « ...l'extrême
droite et l'extrême gauche sont l'image réfléchie
du même mal. Sur une période d'à peine 100 ans,
aussi bien les régimes fascistes que les régimes
communistes ont commis les violations les plus brutales et les plus
horribles des droits de l'homme » (Nr 2006/FP/23 ; p. 129). [Lire
la suite]
[18/07/2007] Tortures
policières au pied du monument
aux droits de l’homme à Ankara
Bruxelles,
18 juillet 2007
Le 16 juillet au soir, 154 membres du
Front pour les droits et les libertés
(HÖC), une organisation sociale
issue de la gauche radicale, ont été arrêtés à Ankara
lors d’un meeting anti-électoral
intitulé «Les élections
ne sont pas une solution. Rejoignons
la lutte pour l’indépendance
de la Turquie». Dix autres membres
de HÖC ont été sauvagement
tabassés par la police.
L’une des deux victimes des violences policières, Eray Destegül,
un étudiant à la Faculté des langues, d’histoire et
de géographie (DTCF) à Ankara et membre de la Fédération
de l’association de la jeunesse (Gençlik Dernegi Federasyonu) se
trouve en ce moment entre la vie et la mort. Après avoir été torturé en
pleine rue par les forces d’intervention spéciales (çevik
kuvvet), il a été hospitalisé à la faculté de
médecine de l’hôpital de Gazi à Ankara. [Lire
la suite]
[27/06/2007] Intervention à la
soirée pour la liberté d’expression
Bruxelles, BeursKaffee,
27 juin 2007 [Lire]
Cela fait 36 ans, c’est-à-dire
depuis le coup d’état militaire
du 12 mars 1971, que la Belgique accueille
des exilés politiques turcs.
(...) Depuis 36 ans, ces mêmes exilés
dénoncent les injustices et les atrocités commises par le
régime d’Ankara. Mais désormais, à cause de
la loi antiterrorisme adoptée par le parlement belge en la date
du 19 décembre 2003, ces activités de dénonciation
et de sensibilisation élémentaires et légitimes
sont directement menacées.
[Lire
la suite]
[08/05/2007] Lettre
ouverte à Monsieur Fuat
Tanlay, Ambassadeur de la République
de Turquie en Belgique
J’ai pris connaissance
de votre vive réaction à l’égard
de mes opinions mais également à l’encontre
de la rédaction du quotidien
flamand «De Standaard» pour
m’avoir ouvert ses colonnes.
Après lecture, je constate, à mon grand regret, que votre diatribe
n’a fait que confirmer l’idée que je me faisais de vous, celle
d’un commerçant qui, depuis sa boutique de la rue Montoyer, tente
de vendre une image édulcorée d’une Turquie que vous et moi
connaissons fort bien.
À commencer par votre plaidoyer sur la non-violence que je trouve intellectuellement
malhonnête.
En effet, Monsieur Tanlay, vous savez comme moi que la violence des opprimés
peut jouer un rôle positif et progressiste dans l’histoire. Il suffit
de puiser dans notre propre passé pour s’en rendre compte (...)
[Lire
la suite]
[02/04/2007] Lorsque
le journalisme devient du terrorisme
intellectuel
Réponse
au journal De Standaard du 28/03/2007
Étant au centre
de la polémique que vous avez
entamée à travers votre
article paru dans DS le 28 mars dernier
sous le titre «Wanneer idealisme
terrorisme wordt», je souhaiterais
naturellement réagir en apportant
quelques éclaircissements concernant
votre jugement pour le moins expéditif
et unilatéral à propos
de mes opinions.
Je me trouve actuellement à la
prison de Nivelles pour avoir traduit
un communiqué et pris la parole
lors d’une interview dans laquelle
j’ai justifié le recours
du DHKP-C à la violence en tant
que forme de légitime défense
dans le contexte ultra-répressif
de la Turquie. Pour les juges gantois
d’appel, ces deux faits anodins
ont suffi pour faire de moi non seulement
un terroriste mais en plus un dirigeant
(!) du DHKP-C ce que je conteste énergiquement
car je n’en ai ni l’ambition,
ni les aptitudes, ni le courage requis.
A l’inverse, je voudrais vous
donner raison lorsque vous affirmez
que je ne suis pas un «idéaliste
innocent».
En effet, en tant que collaborateur
au Bureau d’information du DHKP-C,
une association légale située
en plein quartier européen à Bruxelles,
j’ai agi en âme et conscience
non pas pour la promotion de la rébellion
armée mais pour l’abrogation
de la torture en Turquie, pour contribuer à la
résolution du conflit dramatique
dans les prisons turques qui a emporté la
vie de 122 militants victimes des pires
sévices et pour dénoncer
les persécutions qui visent
les minorités nationales. Ainsi,
je ne suis ni un dirigeant, ni un idéaliste
innocent mais juste un antifasciste,
avec ses convictions et ses doutes.
Mas indépendamment
de l’appréciation que
l’en peut se faire du DHKP-C
ou de mon activité militante,
je suis interpellé par votre
absence d’esprit critique à l’égard
d’une nouvelle législation
(la loi sur les infractions terroristes
du 19 décembre 2003) qui criminalise
et condamne toute expression politique
même la plus pacifique et la
plus humanitaire (...)
[Lire
la suite]
[01/04/2007] Lettre
à mes juges
Messieurs les juges,
Rassurez-vous, je vous épargnerai
cette fois de mes arguties concernant
les circonstances de mes actes et paroles
qui m’ont valu cinq ans de prison
ferme. Vous savez comme moi que dans
ce procès, la souris a accouché d’une
montagne et ce, à cause de l’imagination
débordante de magistrats idéologiquement
marqués qui n’ont d’ailleurs
pas manqué de nous donner des
leçons de “politiquement
correct” tout au long de leur
jugement.
Vous savez aussi
que l’issue
de ce procès a été décidée
lors de rencontres diplomatiques entre
Bruxelles et Ankara et que par exemple,
le succès fulgurant de la banque
Fortis en Turquie n’y est pas étranger.
C’est pourquoi, par respect pour
votre rang et pour votre intelligence,
je m’abstiendrai aussi de vous
exposer les enjeux politico-financiers
de ce procès et pour ce qui
est des arguments juridiques je fais
bien entendu pleinement confiance à
mon avocat.
[Lire
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[21/02/2007] «Le
Sourire de Nebi...»
Notre première rencontre
s’est passée un soir d’octobre
1993 à Anvers, lors d’un
concert du groupe révolutionnaire
ethno-rock “Yorum”. Il était
alors en chaise roulante, recouvert
de plâtre et de bandages. Malgré ses
douleurs manifestes, un sourire radieux éclairait
son visage. Notre dernière rencontre
date d’octobre dernier. C’était
quasi le même décor, sauf
que cette fois, le concert de groupe
Yorum se déroulait à Liège
et son corps n’était non
plus rendu méconnaissable par
des accessoires médicaux mais
par une chimio dévastatrice.
Pourtant, là encore, il esquissait
le même sourire. Nebi c’était
cela : un sourire intarissable.
Nebi, c’était la gaieté et
la bonhomie à toute épreuve.
Nebi c’était une main
secourable tendue vers les autres.
Ses nombreuses qualités humaines
avaient fait de lui un homme respecté au
sein de la communauté turque
du Limbourg (...)
[Lire
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[24/01/2007] «Un
Cercueil, une Civière et
le Triomphe de l’Amour...»
Alors que nous pleurions
l’assassinat du journaliste arménien
Hrant Dink, les agences de presse ont
relayé la plus incroyable, la
plus inespérée des nouvelles:
celle de la résolution du conflit
dans les prisons de type F qui signifiait
en même temps le retour à la
vie des grévistes de la faim
engagés dans cette lutte, dont
celle de l’avocat Behiç Asçi.
Alors que nous nous apprétions à accompagner
le cercueil de Hrant dans son ultime
voyage, le squelette miraculeusement
vivant de Behiç quittait son
appartement sur une civière,
au milieu des caméras et d’une
foule de sympathistants venus l’acclamer
dans son triomphe.
Hrant nous a quitté d’une
mort soudaine et brutale. Behiç nous
est revenu d’une mort lente qui
aura duré 293 jours. Ces deux événements
tragiques (quoique pour Behiç,
l’issue en fut plus heureuse)
se sont déroulés dans
le quartier de Sisli à Istanbul.
A quelques heures près, le cercueil
de Hrant a ainsi failli croiser la
civière de Behiç.
En revanche, l’espoir
généré par leurs
combats respectifs se sont bel et bien
rencontrés (...)
[Lire
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[22/01/2007] «Victoire!»
Behic
Asçi le 22/01/2007 |
|
Gulcan
Goruroglu, le 22/01/2007
|
Il est 00h17 précises.
Une journaliste turque
prononce les mots “prisons de
type F”. Je retiens mon souffle.
Va-t-elle une nouvelle
fois annoncer la mort d’un camarade?
Une véritable coulée
de lave envahit mes veines le temps
qu’elle achève sa phrase.
Ça y est, c’est fini!
Non, ce n’est pas
la fin d’une vie mais la fin
d’une hécatombe.
L’incroyable nouvelle,
celle que nous étions si nombreux à attendre
depuis 6 ans, 3 mois et 2 jours vient
d’être annoncée
au journal télévisé du
canal turc TRT-INT: un accord sur la
levée de l’isolement carcéral
en prison de type F a enfin été trouvé (...) [Lire
la suite]
[20/01/2007] «Le
Journaliste Hrant Dink victime du négationnisme
d’État...» [Sari
Gyalin]
Aussi
douloureux qu'il soit de le
dire : cela devait, hélas
!, arriver. Après avoir été tour à tour
lynché par les médias
du pouvoir en tant que «traître à la
patrie», livré à des
foules galvanisées par le
racisme anti-arménien et
le négationnisme officiel
de l’État turc, harcelé par
la «justice» turque
pour ces écrits et ce, jusqu'à être
condamné à la prison,
le journaliste arménien
Hrant Dink a finalement été exécuté par
la canaille fasciste à Sisli,
en plein cœur d’Istanbul,
devant la rédaction de son
journal «Agos» (...) |
|
Cent mille personnes
ce sont concentrées
le 23/01/2007
à Istambul sous la bannière : «Nous
sommes tous des Arméniens»
[Lire
la suite] |
[15/01/2007] «...Un
oiseau s’est posé sur
le bord de la fenêtre de
ma cellule comme pour m’annoncer
la venue précoce du printemps
et m’offrir une Ode à la
Liberté...»
Message à l'occasion
de la soirée «Liberté pour
Bahar - Justice pour ses camarades»,
organisée par StopUSA le 19/01/2007 à Bruxelles
(...) Je voudrais saluer
en votre présence ces héros
tranquilles qui, malgré leurs
souffrances, n’ont rien perdu
de leur gaité,
de leur tendresse ni de leur humour
et en même temps vous transmettre
leurs salutations les plus fraternelles.
Il est somme toute remarquable
de constater que moins de six ans après
les attentats du 11 septembre, nous,
les prisonniers politiques de Turquie
et de Belgique, nous nous retrouvons
sous une même juridiction et,
peu à peu, sous un même
régime carcéral. (...)
La Turquie, ce pays merveilleux
dont la diversité et l’abondance
des ressources pourraient lui assurer
l’autosuffisance, compte pourtant
une population dont près des
deux tiers vivent sous le seuil de
pauvreté, en raison de sa dépendance économique.
Lorsque cette population
opprimée exprime son désespoir,
les forces de sécurité dites “nationales” agissent
en véritable armée d’occupation.
C’est d’avoir
voulu défendre cette population
que les révolutionnaires turcs
continuent de peupler les prisons par
centaines.
Et comme vous le savez,
c’est d’avoir sympathisé avec
leur combat légitime qu’une
justice coloniale m’a volé la
liberté.
Au moment où je
vous écris ces quelques lignes,
un oiseau s’est posé sur
le bord de ma fenêtre comme pour
m’annoncer la venue précoce
du printemps. Le voilà à présent
qu’il m’offre une Ode à la
liberté (...) [Lire
la suite]
[31/12/2006] «Et
que nous puissions être réunis
tous ensemble autour du banquet de
la victoire...»
(Message de Nouvel An)
(...)
Et puisque j’évoque
la Turquie, je tiens à saluer
en votre présence mon camarade
avocat Behiç (...)
Par amour de ses camarades jetés
aux oubliettes de type F et
dans l’espoir de sensibiliser
les autorités turques afin qu’elles
se penchent sur leur sort, il a cessé de
s’alimenter en avril dernier.
Mes pensées vont également à Sevgi,
fleur parmi les fleurs captives, qui
se fane, elle aussi, du fond de sa
cellule, à la prison d’Usak.
Sans oublier mon adorable sœur
Gulcan au sourire aussi angélique
que les terres méridionales
d’où elle vient. Elle
aussi affronte la mort pour la survie
des nôtres. Jour après
jour, augmente mon inquiétude
de les perdre à jamais.
Aussi,
je vous demande que, durant cette
année 2007,
votre grand cœur leur accorde
un tout petit peu de place de manière à ce
que nous puissions les garder en vie.
De manière à ce que nous
puissions être réunis
tous ensemble autour du banquet de
la victoire. Merci infiniment pour
votre solidarité infinie.
Que cette
nouvelle année
vous apporte bonheur, espoir et succès.
A présent, place à la
fête ! (...) [Lire
la suite]
[15/12/2006] «Aujourd’hui,
le 15 décembre, j’entre
en grève de le faim pour une durée
de trois jours, une manière de
saluer mes camarades réunis à Athènes
et tous les combattants de la liberté incarcérés
de par le monde»
Depuis l’année
2002, à chaque anniversaire
du massacre du 19 décembre 2000,
mes camarades et moi-même avions
pris l’initiative de porter à la
connaissance des organisations progressistes
de divers pays, la situation des prisonniers
de Turquie par un symposium international
regroupant des spécialistes
de l’univers carcéral,
des organisations des droits de l’Homme
et des ex-détenus politiques.
Ce symposium a été successivement
organisé à Rotterdam,
Florence, Berlin et Paris. Sa cinquième édition
se tient actuellement à Athènes.
Chaque année, des
détenus politiques de tous les
continents saluent l’initiative
en menant une grève de la faim
de 3 jours. C’est notamment le
cas de nombreux prisonniers incarcérés
aux États-Unis, comme le militant
afro-américain Mumia Abu Jamal,
le militant amérindien Leonard
Peltier et les cinq Cubains condamnés
pour avoir déjoué des
attentats terroristes visant leur pays
(...) [Lire
la suite]
[14/12/2006] « Une
mort ingrate au secours de Pinochet »
Prison
de Gand, le 14 décembre 2006
Ni bonheur, ni
soulagement. La mort naturelle et trop
paisible du dictateur fasciste Augusto
Pinochet n’aura éveillé en
moi que des sentiments de regret et
d’amertume.
(...) Dans l’affaire
Pinochet, j’avais rêvé d’un
tout autre dénouement. (...)
ce sont les épouses,
les mères, les sœurs et
les filles des disparus, des fusillés
et des mutilés, en tout cas
des femmes, qui auraient rendu justice.
(...) Les Chiliennes comme
toutes les femmes issues des peuples
opprimés
sont animées d’une force
redoutable qu’elles tirent de
leur amour et de leurs larmes plus
brûlantes que des blessures au
couteau.
En Turquie, les mères
des détenus ou des disparus
sont pareilles : lorsqu’elles
descendent dans la rue, elles bravent
les interdits, bloquent les routes,
affrontent la police et parfois, elles
arrivent même à attraper
des tortionnaires par le col. Dans
leurs manifestations, un slogan qui
leur est dédié, proclame
que «la colère des mères
noiera les assassins.»
C’est d’une
telle noyade, dans les torrents de
larmes des mères chiliennes
arborant les photos de leurs enfants
martyres que j’aurais souhaité voir
Pinochet crever (...) [Lire
la suite]
[8/12/2006] « Dressage
de loups sur le Sion »
Prison de Gand, le 8 décembre 2006
Durant ma courte
et modeste vie politique, j’ai toujours été frappé par
les similitudes qui existent entre
les inconditionnels de l’Etat
turc et ceux de l’Etat d’Israël.
Malgré leurs différences
notoires d’ordre historique,
social, culturel et religieux, que
je ne développerai pas ici,
je constate que les uns comme les autres
vouent un véritable culte envers
leur armée, leur police, leur
drapeau et tout autre symbole de puissance
et de domination de leur nation.
Les uns comme les
autres justifient les pires crimes
contre l’humanité au
nom de la raison d’Etat, du droit à la
sécurité et de la lutte
contre le terrorisme.
Cette loyauté pavlovienne qui
les habite les amène à considérer
la moindre critique envers l’Etat
comme une “trahison à la
patrie”. [Lire
la suite]
[4/12/2006] «Je
vous remercie du fond du cœur
et salue votre courage et votre
détermination à défendre
les valeurs de liberté et
de démocratie»
Message à l’occasion
de la manifestation multiculturelle «Chants
et paroles pour la liberté d'expression» du 9 décembre 2006
[Cette lettre fut remise par Bahar Kimyongür le 4 décembre aux autorités
de la prison de Gand. Elle n'arriverait
à destination que le 11 décembre
2006]
Prison
de Gand, le 4 décembre 2006
Chers amis,
Permettez-moi d’abord
de vous adresser toute ma gratitude
pour votre présence solidaire à cette
soirée exceptionnelle. Et surtout
vous, amis Turcs, Kurdes, Arméniens
et Assyriens qui avez joint vos efforts
pour faire de cette rencontre un succès,
je vous remercie du fond du cœur et
salue votre courage et votre détermination à défendre
les valeurs de liberté et de
démocratie dans un climat politique
particulièrement hostile, hanté par
les obsessions belliqueuses et maccarthystes
de l’après 11 septembre.
[Lire
la suite]
[29/11/2006] «Lettre
de solidarité avec
les Ouvriers de VW»
à l’occasion de la manifestation
du 2 décembre
Prison
de Gand, le 29 novembre 2006 |