20/10/2006
6e
anniversaire de la grève
de la faim des détenus
politiques turcs :
122 cercueils devant le Parlement européen
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Au 6e anniversaire
de la grève de la faim des détenus
politiques turcs, le 20 octobre, à 11h,
un rassemblement a été organisé devant
la commission européenne, au rond-point
Schuman, pour rendre hommage aux 122
détenus et à leurs amis
et proches décédés
suite à leur jeûne, pour
rappeler la responsabilité des
instances européennes dans le
calvaire des détenus politiques
reclus dans les fameuses prisons de type
F.
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Et appeler ces dernières à inciter
leurs homologues turcs au
dialogue avec les détenus grévistes. |
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Le 20 octobre
2000, 816 détenus politiques de trois
formations de gauche, majoritairement du
DHKP-C, entraient en grève de la faim
dans une vingtaine de prisons-dortoir (prisons
de type E) afin de bloquer le projet des
prisons de haute sécurité,
appelées «prisons de type F» et
composées exclusivement de cellules
individuelles et de cellule pour trois.
Ces détenus craignaient à juste titre d’être soumis,
une fois confinés dans les cellules d’isolement, à la «privation
sensorielle», une torture raffinée appelée également «torture
blanche».
Ils craignaient également d’être soumis aux mauvais traitements
des matons, à l’abri des regards.
Dans les premières semaines de la grève de la faim des détenus
politiques, toute la société civile turque était mobilisée
autour des prisonniers grévistes au grand dam du gouvernement.
Des écrivains aussi éminents que Orhan Pamuk, Yasar Kemal, Oral
Calislar et Can Dündar ainsi que le docteur Mehmet Bekaroglu, qui était
un député membre de la commission des droits de l’Homme du
parlement, participaient alors à la médiation entre les détenus
et le gouvernement.
On croyait encore au règlement du problème des prisons sans la
moindre effusion de sang. C’était sous-estimer la nature militariste
du régime d’Ankara.
Ainsi, le 13 décembre 2000, le Haut conseil de l’audiovisuel (RTÜK)
imposa à la presse la censure concernant le jeûne des détenus
politiques et les prisons de type F.
La nuit du 15 au 16 décembre 2000, soit au 57e jour de la grève
de la faim, le gouvernement rompit le dialogue avec les détenus en congédiant
la délégation des intellectuels.
Au 59e jour, de nombreux intellectuels turcs se postèrent devant la prison
de Bayrampasa pour rencontrer les détenus mais en vain. Les autorités
leurs refusèrent l’accès.
Et puis, vint le 19 décembre 2000… à 4h30 du matin, l’armée
prit d’assaut 21 prisons et procéda à la déportation
des détenus politiques vers les prisons de type F.
Au bout de quatre jours d’opération, cyniquement baptisée «Retour à la
vie», 28 détenus sont assassinés et près d’un
millier de détenus sont blessés et même violés.
En tout, 8 bataillons de la gendarmerie et 8 335 soldats furent mobilisés.
La police et l’armée sortirent leurs panzers et leurs chars mais
aussi des grues et des bulldozers. Vingt-mille bombes furent lancées par
les militaires dans les dortoirs. Rien qu’à la prison de Bayrampasa,
six femmes prisonnières furent brûlées vives. Et plusieurs
milliers de cartouches furent utilisées.
Ainsi, confinés dans des cellules individuelles, recouverts de boue et
de sang, parfois criblés de balles et d’ecchymoses, à moitié nus
dans le froid rigoureux de décembre (les radiateurs des prisons de type
F qui étaient encore en chantier ne fonctionnaient pas encore) et livrés à eux-mêmes,
les prisonniers politiques poursuivirent inexorablement leur grève de
la faim.
Au dehors, les familles elles aussi se mirent à jeûner.
Puis, le jeûne des détenus ayant été décrété «tabou
national», les grévistes de la faim moururent en silence, les uns
après les autres, tant en prison qu’au dehors, dans l’indifférence
totale de la communauté internationale.
Aujourd’hui, le bilan macabre de ces grèves de la faim s’élève à 122
morts. Près de 600 autres grévistes de la faim ont contracté le
syndrome de Wernicke-Korsakoff (amnésie et ataxie) après avoir été alimentés
de force. Et ce bilan risque à tout moment de s’alourdir.
En effet, depuis le 5 avril dernier, un avocat dénommé Behiç Asçi
du barreau d’Istanbul est entré lui aussi en grève de la
faim. Il est relayé par deux jeunes femmes, Sevgi Saymaz détenue à la
prison d’Usak (ouest de la Turquie) et Gülcan Görüroglu,
une ex-détenue, mère de deux filles, qui jeûne dans son domicile
dans le quartier modeste de Sakirpasa à Seyhan, dans la périphérie
d’Adana (sud de la Turquie).
Tous trois n’ont qu’une seule exigence : l’entame d’un
dialogue entre les prisonniers politiques et le gouvernement pour résoudre
le problème de l’isolement carcéral. Ces grévistes
de la faim n’imposent aucune contrainte quant au choix des interlocuteurs.
Les barreaux d’avocats, de nombreuses chambres professionnelles telles
l’Ordre des médecins (TTB) ou l’Union des chambres des ingénieurs
et des architectes (TMOBB), des syndicats comme les Confédérations
DISK et KESK ou encore des intellectuels de renommée internationale se
sont proposés de jouer le rôle d’intercesseurs. Tout comme
il y a 6 ans…
Pour le comité international de soutien aux familles des prisonniers politiques
(Tayad Komite),
Bahar Kimyongür
e-mail : bahar_kimyongur@yahoo.fr
Tél : 0486 / 846 170
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Actualité de
Huxley
«(...) au moyen de méthodes toujours plus efficaces de manipulation
mentale, les démocraties changeront de nature. Les vieilles formes pittoresques
– élections,
parlements, hautes cours de justice–
demeureront mais la substance sous-jacente
sera une nouvelle forme de totalitarisme
non violent. Toutes les appellations
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et de tous les éditoriaux
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Aldous Huxley, Retour au meilleur des mondes |
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